Les garçons de l’amour – Ghazi Rabihavi
Ce récit émouvant est l’œuvre de Djamil à l’adresse de celui qui fût son premier amour, Nadji. Un amour réprimé en Iran.
Seul garçon de sa fratrie de 14 sœurs, issu de la troisième épouse de son père, Djamil porte le poids des ambitions paternelles. Fils d’un riche propriétaire d’un petit village du Sud de l’Iran, Djamil a le privilège de suivre une scolarité dans une région où l’analphabétisme est la norme. Cependant ses aspirations sont différentes de l’avenir qu’on lui a réservé. À la carrière de secrétaire de son père, qui espère une future gloire politique, il préfère la carrière de danseur.
La rencontre avec Nadji ne fera que précipiter sa fuite vers un endroit où il sera plus libre de devenir celui qu’il veut.
Cette relation reçoit la réprobation de sa famille qui ira jusqu’à menacer sa vie. Nadji et lui décident donc de s’enfuir pour rejoindre la ville où ils trouvent l’opportunité de gagner leur vie. Mais la révolution qui gronde dans tout l’Iran des années 70-80, mettra rapidement fin aux espoirs de construire leur vie dans leur pays, les révolutionnaires islamistes détruisant tout ce qui est contraire à leur doctrine. Un long et dangereux périple les attend avant de rejoindre l’eldorado européen.
Œuvre audacieuse que Les garçons de l’amour . L’impudeur toute relative intrinsèque à l’Iran dont fait preuve Ghazi Rabihavi pour évoquer les tabous de l’homosexualité et de la pédérastie dans son pays est considérée comme provocatrice. Ses textes l’ont déjà conduit derrière les barreaux.
Il s’attache pourtant à décrire la réalité sociale qui fait le quotidien des Iraniens avec subtilité et justesse, relayant au second plan les événements historico-politiques. Il apporte cependant un éclairage instructif sur la chronologie des événements de cette époque déterminante pour toutes les vies croisées au cours de ce récit.
Anne-Laure
L’auteur : Ghazi Rabihavi, né en Iran en 1956, s’installe à Téhéran à l’âge de 22 ans, au moment où la révolution éclate. Dès les années 80, alors que l’Iran entre en guerre avec l’Irak, il publie ses premières nouvelles. Après une incarcération à Evin et l’interdiction de l’Association des Écrivains d’Iran, il anime des ateliers d’écriture avec Houchang Golchiri, un des chefs de file du roman persan moderne. Sa nouvelle La Fosse suscitant la polémique, il se tourne alors vers l’écriture de scénario et collabore avec le cinéaste Ebrahim Golestan. En 1994, Rabihavi, interdit de publication, finit par s’exiler à Londres en 1995 où il partage ses activités entre le roman, le théâtre et le cinéma (Source Serge Safran éditeur).
Les garçons de l’amour, Ghazi Rabihavi (traduit du persan par Christophe Balaÿ) , Serge Safran éditeur