Brillant comme une larme – Jessica L. Nelson
Aucun de ses contemporains n’est resté indifférent à son charme vénéneux ni à sa beauté ombrageuse. Sa vivacité, son acuité, son incroyable précocité, son talent et ses pulsions d’autodestruction fascinaient et intriguaient. Darius Milhaud, Jean et Valentine Hugo, Amedeo Modigliani, Max Jacob, Paul Morand, pour n’en citer que quelques-uns, étaient de ses amis. Jean Cocteau en était fou amoureux, sans espoir de retour, contrairement à la légende. Le jeune homme aimait les femmes, toutes les femmes, quels que soient leur âge et leur milieu social. De son premier amour, alors qu’il n’avait que quatorze ans, il écrivit un roman dont chacun d’entre nous connaît au moins le titre. En 1923 Bernard Grasset, qui était un vieux renard au grand flair, orchestra magistralement la parution de ce roman sulfureux sur le thème : Le premier livre d’un romancier de 17 ans. Le succès fut immédiat et Raymond Radiguet fit une entrée fracassante en littérature. Quatre-vingt-seize ans, et deux adaptations cinématographiques plus tard, Le Diable au corps est devenu un classique.
Mais qui était au juste ce jeune homme mort à vingt ans ? Pourquoi avait-il cette urgence à aller vite, très vite, trop vite ? D’où venait son besoin de tout expérimenter quitte à se brûler les ailes ? Sexe, alcool, drogue, Raymond Radiguet eut finalement une vie de rock star. Jessica L.Nelson nous raconte avec beaucoup d’alacrité son destin d’étoile filante qui n’eut le temps d’écrire que deux romans et quelques poèmes. Un livre passionnant qui nous immerge dans cette époque de l’entre-deux-guerres qui connut une créativité intellectuelle et artistique époustouflantes. Ce qui est peut-être le plus beau dans ce livre, c’est la magnifique amitié de Raymond Radiguet et de Jean Cocteau. Malgré leur différence d’âge, un lien fusionnel unissait les deux hommes portés par un même amour des lettres (et sans doute de la gloire…). Toute sa vie Cocteau resta fidèle au souvenir de ce météorite brillant comme une larme dont il disait « On nous l’a prêté. Il fallait le rendre. »
L’auteure : Jessica L. Nelson est l’auteur de nouvelles, d’un essai, Tu peux sortir de table (Fayard, 2008), et de Mesdames, souriez (Fayard, 2005 ; bourse Lagardère). Conseiller littéraire et chroniqueuse sur LCI (Au fil de la nuit), elle a cofondé le prix de la Closerie des Lilas en 2007 et les éditions des Saints-Pères en 2012. Elle est également l’auteure de Tandis que je me dénude et Debout sur mes paupières, tous deux parus aux éditions Belfond (Source Belfond).
Brillant comme une larme, Jessica L. Nelson, Albin Michel