Désorientale
Le poche qu’on aime en juin
« Voilà comment se terminent les dix années passées dans cet appartement. Des années d’une confusion joyeuse et palpitante. Des années d’excitation et d’angoisse, de départs à l’école, de réunions politiques, d’arrestations. La table du salon où Darius écrivait, le mur marqué par la taille des enfants, le pied de vigne planté en bas du balcon et qui atteint maintenant le deuxième étage. Dix ans ! Et dans moins de quarante-huit heures, tout cela deviendra souvenir. Mon corps quittera ce lieu, une longue et irréversible déchirure que son âme n’acceptera jamais. »
Avec cette épique saga familiale, Negar Djavadi nous livre un peu sa propre histoire à travers le personnage de Kimia, fille cadette d’une famille d’intellectuels opposante au Shah puis à Khomeiny qui, à l’âge de neuf ans, est contrainte de fuir l’Iran.
Dans un style très oriental, ce roman foisonnant, joyeusement bordélique et tumultueux, nous éclaire sur l’histoire complexe et souvent incomprise du peuple iranien. Kimia raconte, au fil de ses pensées, les anecdotes sur sa famille et ses ancêtres, la vie et les coutumes perses, l’opposition brillante et courageuse de son père, la révolution, la désillusion, la fuite, sa jeunesse et sa reconstruction difficile ici, en France.
Vibrant témoignage de la souffrance provoquée par l’exil et le déracinement, Désorientale est un premier roman touchant et prometteur.
Désorientale, Négar Djavadi, Collection Piccolo, Éditions Liana Levi
Le poche du fond des rayons
« Une fois remonté à la maison, j’ai vu que mon père avait mis son travail de côté, et puis étalé des journaux sur la table. Il avait posé des assiettes et des tasses et des soucoupes sur la table et il était en train de préparer le petit déjeuner. Je lui ai montré les pierres et les coquillages et le morceau de bois, et il a dit : « ils sont magnifiques, tout ce que tu as trouvé est magnifique. Mets-les sous le robinet et regarde chaque chose attentivement. C’est comme ça qu’on apprend à écrire – en regardant tout attentivement. »
Sur la plage on trouve des trésors, et dans les librairies des pépites. En voici une.
L’histoire est contée par Adam, un enfant de 10 ans qui va passer quelque temps avec son père, un écrivain sans le sou, un peu fantasque, très à l’écoute et désireux de transmettre à son fils sa passion pour l’art, l’écriture, et l’amour des choses simples de la vie. On oublie parfois combien il est important de s’arrêter, de s’accroupir et de regarder les petits cailloux et les coquillages. William Saroyan nous ramène délicatement à ce regard d’enfant, à ce temps qui défilait différemment, et nous offre une jolie image d’un père présent, aimant et dont le caractère un peu fou n’est que le reflet de la joie brûlante d’être vivant.
Un bijou à lire et à offrir à tout futur, nouveau ou vieux papa !
Papa tu es fou, William Saroyan, Collection poche, Zulma